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Hasard des rencontres
En quête d’une presse hydraulique, Doutres a sollicité la collaboration de
Piero Pistis, le propriétaire du garage des écoles installé à deux pas de
son atelier, au village. L’ami mécano l’a aidé à comprimer les matériaux à
50 tonnes et est devenu co-concepteur de la sculpture. Le montage s’avérait
délicat et la réalisation du socle relevait du casse-tête. “C’est un travail
de mécanique générale”, spécifie Doutres. Vu son poids, pour une question de
sécurité, il fallait assurer la stabilité de la sculpture : “La pièce du
haut est tenue par la pièce du bas. Le socle est fait de cinq parties
enchevêtrées. Tout est emboîté mais on a l’impression que c’est posé”,
précise-t-il.
L’aspect chaotique de la compression est contrebalancé par la netteté du
socle en aluminium poli miroir. Et l’aspect figé, stratifié est contrarié
par une petite pièce sphérique mobile, “que l’on peut tourner avec la main,
comme pour dire : la vie continue”. Sur une face du socle, figurent les noms
de ceux qui ont administré l’institut et l’ont fait exister. Sur le mur en
arrière plan, s’inscriront les noms des majors de promotions.“Pour moi, à
l’origine, le couvert c’était un gag, j’aurais pu utiliser un autre rebut.
Je ne me suis jamais dit : Utilise des couverts, tu travailleras avec des
restaurateurs”, commente Patrick Doutres. Mais sa rencontre avec Jean Paul
Lacombe, au marché de la création au début des années 1990, a été décisive :
“Il m’a demandé de réaliser un cuisinier avec son propre matériel,
saucières, couverts...”.
Aujourd’hui, il ne travaille pratiquement qu’à la commande. il a aussi pour
projets la réalisation d’une tour Eiffel à l’école d’application culinaire
de Dijon, installée dans la maison de Gustave Eiffel. L’artisan-artiste a
l’habitude d’entamer plusieurs travaux à la fois mais en allant toujours au
bout de chaque chose. Il ne perd jamais de vue sa première idée, “souvent la
bonne”.
Fabienne Machurat